La médecine devient mortellement ennuyeuse, redoutablement scientifique et dangereusement marchandisée. Il lui arrive de jouer aux dés avec les conséquences humaines et psychiques de ses prouesses techniques. Sans cesser d'admirer sa marche triomphale vers le progrès et son efficacité, deux auteurs ont mobilisé leur expérience clinique et leurs claviers pour transmettre aux étudiants et aux soignants une autre lecture de la relation soignant - soigné que celle qui surgit des éprouvettes, des scanners et des cotations en bourse de l'industrie biomédicale. Comme dans l'enseignement de Philippe van Meerbeeck et les travaux de Jean-Pierre Jacques, il s'agit de traquer l'inconscient et l'infantile partout où ces registres de l'humain sont aux commandes, c'est-à-dire aussi bien dans la demande du malade que dans l'effort du soignant.
Côte : 610.019 VAN/I
Comment rendre vivant et concret les effets d'inconscient aux oreilles des étudiants en médecine et des autres «sciences de la santé», alors que l'ensemble de leur formation les écrase de savoir et de l'idée de la maîtrise possible ? Comment ouvrir les étudiants aux bouillonnements d'un monde globalisé, qui leur envoie désormais au coeur des métropoles occidentales des malades sahéliens, philippins ou latinos, à soigner sans disposer des clés de l'âme de ceux-ci et de leur façon de croire, de faire confiance, de transférer ? Comment donner aux jeunes gens issus de la Web Génération l'envie de lire un ouvrage de médecine qui ne soit ni un traité ni un syllabus ? Pourquoi devient-on médecin et comment les idéaux qui avaient orienté le candidat résistent-ils aux stages et à la formation technoscientifique ?
C'est équipés de ces questions, et de quelques autres, que les auteurs se sont embarqués dans la rédaction de cet ouvrage qu'ils ont voulu lisible, incisif et résolument engagé. L'enjeu est de montrer à quel point la relation est au coeur même de la pratique des métiers du soin. Elle est au centre, elle est déterminante, elle est un levier thérapeutique formidable. Elle peut aussi produire des effets toxiques, négatifs ou pervers. Cet enjeu, pourtant primordial et d'importance quotidienne, est largement méconnu par la plupart des acteurs sous l'effet de l'évolution scientifique de la médecine, comme si cela impliquait de nier la part de relation et de subjectivité à l'oeuvre dans l'exercice des métiers du soin.