Les innovations thérapeutiques et l’accès équitable aux soins

Les innovations thérapeutiques promettent des avancées majeures dans le traitement de maladies graves. Issues de la recherche biomédicale, ces thérapies innovantes incarne un espoir pour de nombreux patient et constituent un atout essentiel pour l’évolution de la médecine moderne. Toutefois, ces avancées ont un coût, avec des traitements pouvant atteindre plusieurs centaines de milliers d’euros par patient. Dans le système français, où l’accès aux soins repose sur un modèle de solidarité financé par l’Assurance Maladie, ces innovations mettent en lumière des tensions financières, sociales et éthiques.

Deux exemples courants :

  • Le Zolgensma, est un traitement de thérapie génique, destiné à l’amyotrophie spinale, une maladie rare provoquant une faiblesse musculaire sévère dès les premiers mois de vie, coûte environ 1,8 million d’euros par patient et par an. En France, ce coût est intégralement pris en charge par l’Assurance Maladie.
  • De même, les nouvelles immunothérapies cancéreuses, représentant un coût moyen d’environ 75 000 euros par an et par patient, sont également pris en charge par l’Assurance Maladie. Selon l’Institut national du cancer (INCa), on estime à 433 136 le nombre de nouveaux cas de cancer pour l’année 2023 en France. 

Pourquoi un coût si élevé ? Le développement d’un médicament nécessite en moyenne 10 à 15 ans pour passer de la recherche à la mise sur le marché. Ce processus inclut plusieurs phases d’essais cliniques visant à garantir l’efficacité et la sécurité du traitement. A l’issu, un nombre restreint des molécules testées en laboratoire parviennent sur le marché ; les coûts des échecs étant répercutés sur les traitements commercialisés.

Idéalement, le prix d’un médicament devrait résulter d’une négociation équilibrée entre les industriels et les pouvoirs publics ; tenant compte à la fois les coûts de développement et de l’intérêt général. En pratique, il est difficile d’évaluer précisément ces coûts, car le développement des innovations implique souvent le rachat de start-up qui ont-elles-mêmes assumé une grande partie des investissements financier. Par ailleurs, les brevets de propriété intellectuelle confèrent aux fabricants un monopole de 20 à 25 ans. Cette période, sans réelle concurrence, laisse une grande liberté pour fixer des prix élevés, assurant des bénéfices significatifs. Ce n’est qu’après l’expiration de ces brevets que des génériques, moins coûteux, peuvent être développés.

L’attractivité de ces marchés, en raison des prix élevés pratiqués pour compenser les investissements et les risques, oriente de plus en plus les efforts vers ce secteur. Les négociations entre industriels et pouvoirs publics sont de fait inégales. Un État peut-il réellement renoncer à une molécule innovante en raison de son prix ? Les pouvoirs publics ont pour mission de garantir l’accès à l’innovation pour les patients tout en maintenant la couverture des besoins globaux de santé publique et en respectant les contraintes budgétaires. Comment décider quels traitements financer ?  Cela nécessite un arbitrage délicat entre le financement des traitements coûteux pour un nombre restreint de patients, dont l’état de santé dépend de l’accès à ces traitements, et celui des soins courant de l’ensemble de la population.

L’Assurance Maladie joue un rôle essentiel dans le financement de ces innovations, veillant à ce que leur coût ne soit pas un obstacle pour les patients. Elle assure à chacun, indépendamment de ses ressources, un accès équitable à des soins de qualité. Cependant, la hausse significative des prix représente un défi croissant la soutenabilité financière de notre système de soin. Il devient de plus en plus difficile de concilier l’intégration des avancées médicales et la préservation des ressources pour couvrir l’ensemble des besoins de santé.

Candice Brehmer, chargée de Mission ERENA site Limousin

Sources :

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