Procréation Médicalement Assistée (PMA)  – Les enjeux éthiques

« Depuis la fin des années 1960, une forte pression sociale s’est exercée en faveur de la liberté de la procréation humaine. » Avis 126 CCNE

Nous sommes le 25 juillet 1978 au Royaume-Uni, l’histoire accueille le premier enfant né par fécondation « in vitro », Louise Brown. Quelques années plus tard, le 24 février 1982, c’est Amandine qui verra le jour en France, grâce à cette même technique. La naissance d’Amandine sera le signe d’une prise de conscience générale : le champ de la procréation s’ouvre à de nouvelles techniques et questionne de nombreuses valeurs car, pour la première fois, un ovule a été fécondé en laboratoire : un bébé conçu en éprouvette est né. C’est ainsi que le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) sera créé en 1983, les émergences scientifiques rendent nécessaire la réflexion éthique : jusqu’où ira l’innovation ? Qu’impliquent ces innovations ?

La loi de bioéthique du 2 août 2021 a fait évoluer le cadre de la PMA, en élargissant son accès à la fois aux couples de femmes et aux femmes seules, en modifiant les conditions d’accès aux origines et en permettant l’autoconservation ovocytaire.

Avant 2021, l’objectif premier de l’aide à la procréation était de pallier une infertilité pathologique diagnostiquée, ou d’éviter de transmettre une maladie grave à l’enfant ou à l’un des membres du couple, composé d’un homme et d’une femme. Le législateur a donné à la médecine des enjeux thérapeutiques, dans le cadre de la famille dite « traditionnelle ». Suite à la promulgation de cette loi, le paradigme change face aux attentes sociétales. La médecine ne se contente plus de répondre à une incapacité médicale mais s’ouvre à une incapacité de condition - « une infécondité secondaire à des orientations personnelles ».

Si le don, lors de la procédure de PMA, garde ses principes fondateurs de gratuité et d’anonymat entre donneur et receveur ; l’accès aux origines vient modifier certaines conditions. Cet accès représente le souhait de répondre à un besoin que pourrait avoir l’enfant pour sa construction identitaire. C’est à sa majorité qu’il pourra faire une demande d’accès à ses origines, le donneur ayant déjà donné son accord, nécessaire à la réalisation du don. L’enfant aura accès aux données non identifiantes telles que l’âge, les caractéristiques physiques, la motivation du don... Cette nouvelle condition impacte fortement le nombre de don, dans un contexte actuel de pénurie lié également à une hausse des demandes sociétales des couples de femmes et de femmes seules.  

En effet en fin d’année 2023, l’Agence de Biomédecine établit le constat suivant : Malgré des prises en charge en nette augmentation, pour les PMA avec don de spermatozoïdes, les demandes ne cessent d’augmenter (+25%), les délais s’allongent (15.8 mois avec don de spermatozoïde / 23.8 mois avec don d’ovocyte) et les dons sont insuffisants.

Par ailleurs, le désir profond de parentalité se confronte à plusieurs contraintes : le risque de dépasser la limite d’âge autorisé et un pourcentage de réussite faible passé un certain âge ; puis à un parcours médical balisé d’examens et de traitements invasifs. Les demandes font l’objet de concertations pluridisciplinaires où le médical et l’intérêt de l’enfant à naitre sont discutés.

De façon plus générale, d’autres enjeux éthiques se dessinent : La question d’équité entre les hommes et les femmes concernant l’âge pour bénéficier d’une PMA (45 ans pour les femmes contre 60 ans pour les hommes). Ainsi que la problématique du devenir des embryons congelés.

 

Ces 40 dernières années, la procréation médicalement assistée fait face à de nombreux défis. La psychanalyste Monette Vacquin faisait l’analyse suivante : « Progressivement, on est passé de la question ”comment faire l’amour sans faire des enfants ?”, dans les années 1970 à : “comment faire des enfants sans faire l’amour ?”, dix ans plus tard, puis aujourd’hui à : “comment faire des enfants en étant du même sexe ?” ».                    

Candice BREHMER, Chargée de Mission

 

Sources :

- Agence de la Biomédecine

- CCNE avis 126 : les demandes sociétales de recours à l’assistance médicale à la procréation (AMP)

-  Véronique Lefebvre des Noettes : PMA, FIV… La « fabrique de l’humain » face aux enjeux biologiques, sociétaux et éthiques  

 - Bioéthique, comment les lignes ont bougé, LaCroix, Monette Vacquin

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