IA et Environnement – les enjeux éthiques
« Science sans conscience n’est que ruine de l’âme » François Rabelais
Omniprésente et pourtant transparente dans nos vies professionnelles et personnelles ; espoir d’un outil révolutionnaire parfois décrié au nom d’une sobriété totale ; un potentiel important mais une utilisation commune discutable ; l’intelligence artificielle (IA) et son développement fait face à de nombreux enjeux, notamment à l’échelle environnementale : l’IA peut-elle résoudre les défis environnementaux sans pour autant être grandement responsable du problème ?
Capable d’anticiper des vagues de chaleurs extrêmes ou guider les secours lors de catastrophes naturelles ; permettre de rationaliser les exploitations agricoles et d’optimiser le rendement, l’IA se révèle être un outil favorisant notre compréhension de l’écosystème et de son évolution grâce à une multitude d’informations traitées.
Pourtant tout au long de sa vie, l’IA est énergivore. Nécessitant des composants électroniques issus de métaux rares dont l’extraction entache la biodiversité ; avare d’une accumulation de données et de centres de stockage toujours plus performants pour un meilleur apprentissage et une plus grande précision ; finissant leurs vies en déchets électroniques qui s’amoncellent en raison d’une obsolescence précoce… Le paradoxe est bien réel. Si son développement promet des avancées majeures, l’IA contribue à l'augmentation de la consommation électrique mondiale et à l'épuisement des ressources naturelles.
Dans son livre blanc à la recherche des pistes pour une IA plus verte, Open Studio parle du « numérique utile contre numérique futile ». Depuis 2012, l’intelligence artificielle connaît un nouvel essor avec l’apparition du Deep Learning : elle est maintenant capable d’apprendre par elle-même. Cette nouvelle ère ouvre la porte à un usage massif et récréatif tels que la génération de textes ou d’images, grâce à des logiciels toujours plus performants et plus gourmands. D’un côté, l’effet de la nouveauté favorise le développement de logiciels divertissants, sans utilité pratique publique. De l’autre, son utilisation massive, dont la consommation et l’impact ne peuvent être constatés directement, déresponsabilise l’usager qui croit en l’immatérialité. L’IA, le numérique de façon générale, n’est pas immatérielle.
Cette course à l’efficience interroge par son potentiel effet rebond : « plus le progrès apporté par une technologie est efficace, plus souvent il sera annulé par le changement de comportement qu’il induit ». Si l’on constate des travaux de recherche pour des IA moins énergivores notamment par le développement de Data center écoresponsable ; exploiter la chaleur engendrée pour produire de l’électricité ou l’utilisation de ressources naturelles telle que des rivières pour refroidir les serveurs ; on peut questionner si le souci est environnemental ou témoigne plutôt d’une volonté de limiter les contraintes de coûts et d’autonomie énergétique. Savoir si cet outil ouvrira la porte à un avenir plus durable en préservant la planète reste avant tout une question de société : Que souhaitons-nous faire de cette technologie ?
« Nécessitant des ressources naturelles en partie non renouvelables, l’IA est une ressource limitée, dont il convient de faire un usage responsable. »
Sources :
- Face aux défis environnementaux, "l’intelligence artificielle est un formidable outil"
- Les effets rebond dans le numérique : les comprendre et les anticiper