Pour sa nouvelle bulle éthique, ERENA Limoges a souhaité ouvrir la réflexion éthique sur « l’humanisme médical au-delà de l’empathie : la chaleur éthique de la relation » au travers d’un texte écrit par le Dr Fiorenza-Gasq, directrice de l’ERENA et d’une illustration de Komiska
« L’humanisme médical au-delà de l’empathie : la chaleur éthique de la relation »
Du latin calor, le mot chaleur a plusieurs sens.
En sciences, la chaleur résulte de phénomènes physiques, notamment l’énergie cinétique, dont l’augmentation entraine une élévation de la température ; au niveau moléculaire, elle correspond à un état d’agitation de la matière ou de l’air se traduisant par une température élevée ; pour les animaux à sang chaud, et pour nous, elle est tout simplement synonyme de vie !
Elle donne également dans notre quotidien, une couleur à nos émotions, nous anime : effervescence, enthousiasme, fièvre, passion, cordialité, sympathie, bien-être, etc.
Pourtant, si la question de la chaleur et de la vie ne peut être résolue pleinement par la physique, la biologie moléculaire, l’observation, les sensations et les affects, il n’apparaît pas d’évidence que le chaud puisse engendrer de l’éthique !
Mais Gaston Bachelard [i] nous dit :
"La nostalgie c’est le souvenir de la chaleur du nid, le souvenir de l’amour choyé pour le « calidum innatum » ? La poésie du nid, du bercail n’a pas d’autre origine. Aucune impression objective cherchée dans les nids le long des buissons n’aurait jamais pu fournir ce luxe d’adjectifs qui valorisent la tiédeur, la douceur, la chaleur du nid. Sans le souvenir de l’homme réchauffé par l’homme, comme un redoublement de la chaleur naturelle, on ne peut concevoir que des amants parlent de leur nid bien clos. La douce chaleur est ainsi à l’origine de la conscience du bonheur. Plus exactement, elle est la conscience des origines du bonheur."
Ici, la chaleur du nid de Bachelard est métaphorique, et prend une dimension philosophique, éthique, elle fait appel au fondement des relations humaines, souvent à une nostalgie de nos premières années, quand nos parents, grands-parents prenaient soin de nous et nous couvraient d’un bonnet, d’une écharpe....
Dans les soins, elle est conscience et intuition des soignants par leur présence, par leurs gestes, par la chaleur donnée, qu’elle soit « réchauffement » physique ou chaleur relationnelle dans l’acte de soin, aussi cette chaleur éthique dépasse la relation empathique plus complexe, plus émotionnelle « se mettre à la place de », car elle est plus simple, plus spontanée, plus intuitive…
[i] . Gaston Bachelard, La psychanalyse du feu, Paris, Gallimard, « folio essais », 1949, p.72.